Tsunami au Haillan, la porte océane a disparu

On n’arrête pas les tsunamis.Ils sont imprévisibles, de la force est nécessaire pour s’en sortir miraculeusement indemne.

La force qu’il me reste, je m’en sers pour écrire ces quelques lignes.Non pas pour me défendre, à l’image du tsunami l’effort est parfois vain.

Juste pour témoigner et sans doute apaiser ce chagrin intérieur.

Une de mes créations vient d’être détruite.Non pas déplacée ni démontée, non détruite.Une des villes voisines, le Haillan, vient de faire disparaître “La porte océane” et sans doute “Sa porte océane” oeuvre installée en 1998.

Principal concerné, les souvenirs me reviennent pour exprimer ce que souhaitait le maire de l’ époque pour sa ville.Il la considérait comme une “rue ville” : les passants n’avaient même pas conscience d’être dans une commune, ils la traversaient pour rejoindre le soleil de la côte atlantique…Pour calmer ce flot, j’ai imaginé un totem apaisant.L’eau était son élément pour que cette sculpture fontaine adoucisse les esprits, comme un clin d’oeil pour leur signaler sa présence.La lumière pouvait ainsi jaillir.

Porte océane” 1998-2022 sculpture fontaine-Résine

Pour les matériaux et déjà pour l’époque, nous avions pensé “local”.A la place du traditionnel marbre, un synthétique nous a servi de base : a quelques kilomètres Airbus nous a apporté ainsi ses compétences…en la matière.

Du sens apporté pour cette oeuvre, et pour le même prix qu’un entretien classique de végétations et fleurs sur un rond point.

L’entretien parlons-en.Deux par an étaient nécessaires, finalement peu.

En France, l’argent publique est parfois gaspillé.Mon oeuvre n’a pas échappé à ce sinistre sort, comme des fleurs qu’on laisse faner sur un rond point.

En cette période tourmentée, le vase est plein.

L’art est une cible pour les talibans d’Afghanistan.

En France en 2022 une de mes oeuvres a été détruite sans mon consentement et aussi discrètement que possible.

Sans vouloir lutter, j’ai heureusement reçu des messages de sympathie.Il reste cependant ce goût amer.Je laisse à la maire du Haillan toute la responsablité de son acte.

Que va t-il rester de l’art ? Aujourd’hui symbole d’une France qui va mal, ou la rapidité et la sur-consommation prennent place à la créativité et la recherche du bien-être.

Merci pour votre écoute.

Notz

Pour information, mail envoyé à “une ambition pour le Haillan” , soutien reçu :

Pour répondre à vos questions:

Madame la Maire ne m'a jamais contacté.

J'ai été contacté par BHNS Bordeaux Métropole, l'entreprise chargée des travaux de la destruction de la sculpture-fontaine Porte Océane.

L'entreprise m'avait proposé comme unique choix de démonter et emporter mon œuvre d'art à mes frais ce qui, évidemment, m'était impossible pour plusieurs raisons, entre autres parce que je ne suis pas d'accord avec la démolition.

Après consultation d'un avocat de la Maison des Artistes à Paris qui m'a signalé qu'il n'y avait pas d'espoir de sauver mon œuvre sans engager un procès, pour lequel je manquais de moyens, je n'avais plus jamais répondu ni réagi, découragé que j'étais. Il ne faut pas oublier qu'une œuvre d'art finie est toujours sentie comme une propre enfant. Et qu'on tue maintenant??? ....

JE N'AI DONC JAMAIS CONSENTI A LA DESTRUCTION DE LA "PORTE-OCEANE", NI PAR ECRIT NI ORALEMENT.

Je suis tout à fait d'accord que vous fassiez part de ma position d'opposition à la démolition de mon œuvre au prochain conseil municipal du 9 février et si nécessaire ou opportun, même avant. Je ne peux que répéter que l'art et la culture en général restent nécessaires pour contrecarrer notre monde matérialiste. Si on les détruit, on détruit une partie de l'identité de l'homme et une source de stimulation créatrice. Tout citoyen devrait s'en souvenir...

Par ailleurs, la raison de la démolition avancée publiquement par Madame la Maire, à savoir que le rond-point présente un obstacle au passage du bus rapide, n'est à mes yeux qu'un faible prétexte étant donné que toute de suite après le rond-point suit une limitation de vitesse.

Pour finir, force est de constater que, depuis des années, l'entretien obligé de la sculpture-fontaine n'a pas été effectué sous prétexte que ceci reviendrait trop cher. Or, selon le service des Espaces verts sur les ronds-points, il y a 25 ans, une plantation végétale et son entretien auraient déjà coûté env. 40000 €, alors que le nettoyage de la fontaine 2 fois par an reviendrait bien moins cher.

Avec mon respect et avec toute ma sympathie

très cordialement

Walter Notz